Quand j’étais petit (ce blogue a une tendance très nostalgique pour le peu que j’y écris, j’avoue!), je rêvais de fréquenter une salle de rédaction.
J’ai assez d’amis dans le domaine aujourd’hui pour avoir eu la chance de passer par là et d’apprécier le bruit, l’action et l’énervement qui y règnent souvent. Je me souviens d’avoir visité la salle de presse du Soleil, de la Presse et du Devoir, tout comme les studios de Radio-Canada, TVA et Vox et de quelques stations de radio pour apprécier l’ambiance des coulisses. Celles où ça grouille. Celles où les gens (des professionnels) spéculent, discutent, potinent, amplifient, cogitent la nouvelle avant de la rendre publique. Oui, oui, j’ai toujours rêvé de crier « On tue la une! » (Je suis vieux, les jeunes d’aujourd’hui rêvent d’être le contributeur de Wikipedia qui inscrira la mort d’un politicien).
Une salle de nouvelle, c’est aussi, souvent, vide et silencieux. Quand on la visite hors des périodes de pointe, on se croirait dans une bibliothèque. Le simple fait de parler donne l’impression de déranger. Mais quand ça bourdonne, ça devient vite cacophonique.
J’ai l’étrange impression, c’est particulièrement visible ces jours-ci, qu’on a ouvert les portes de la salle de presse au grand public. Que les réseaux sociaux sont devenus, en se multipliant et se peuplant des gens (professionnels ou moins professionnels), des salles de presse publiques où l’on spécule, discute, potine, amplifie et cogite, sans pourtant avoir de finalité médiatique. On ne « sort » plus la nouvelle à l’ère des réseaux sociaux, la nouvelle est là , point.
Je vais passer pour nostalgique, mais ça me manque ce travail « journalistique » associé à la « salle de rédaction » (rédiger implique tout de même un peu de réflexion et de travail), travail qui permettait de « sortir » la nouvelle, avec tous les honneurs qui sont dus à cette chose précieuse qu’est l’actualité.
Je trouve ça épuisant d’être obligé (oui, oui, je sais, on a toujours le choix, mais les réseaux sociaux sont une forme de drogue dure) de donner notre attention à des choses qui n’en méritent pas tant que ça. Des choses qui prennent une importance démesurée, par le simple écho d’une salle de presse remplie de gérants d’estrade.
Pire encore, les salles de presse traditionnelles, souhaitant être jeune, moderne et 2.0, en sont même rendus à accompagner toutes nouvelles (dans votre journal, votre radio ou votre télévision) de voxpops insignifiants reprenant, au hasard, des commentaires provenant des réseaux sociaux… Inverse takeover…
D’un côté des signes marquant d’épuisement des médias traditionnels, et de l’autre un signe marquant de l’épuisement des réseaux sociaux traditionnels. La multiplication et le bruit les tueront, l’un comme l’autre.
Vision négative? Naaaa… Les communautés sont toujours plus fortes que les réseaux qui les forment.