Le plaisir de prendre de longues vacances urbaines, c’est qu’au fil des jours la routine s’installe. Pas la routine plate, là ! La routine plaisante qui donne l’impression d’habiter la ville, d’y reconnaître au jour le jour ses personnages (il y en a beaucoup ici!) et même de se donner le droit de retourner aux mêmes endroits. Ça vient avec le plaisir étrange de faire l’épicerie dans un Safeway énorme, rempli de personnages et d’une variété de produits très américaine (la variété c’est américain, l’organique, ça c’est californien).
Non, non, je n’ai pas fréquenté le Vapor Room, notre voisin sur la rue Haight, mais j’en ai fait l’analyse sociologique. Assez fascinant la diversité des gens qui ont une prescription médicinale pour du cannabis.
Musée, bouffe, musée, bouffe, musée. Ça va comme suit:
Le Contemporary Jewish Museum est mon coup de coeur jusqu’à maintenant. Création architecturale de Daniel Libeskind (ce qui explique la ressemblance avec le Royal Ontario Museum de Toronto). Un relativement petit musée, mais superbe pour ces trois expositions: d’abord Maira Kalman, illustratrice, designer et conférencière à TED.
Mais surtout, deux superbes expositions sur la modernité religieuse juive:
Le projet 304 805, la calligraphie live d’une Torah, dans toute la tradition juive (la Thora doit toujours être reproduite à la main, selon des règles strictes et fascinantes), un exercice de style et de méditation brillamment exposé et mis en contexte (tentez d’y aller lorsque la soferet est présente, elle converse avec le public presque tous les jours, on l’a manquée).
Puis l’autre, sur les traditions juives réinventées par des artistes contemporains (voir la photo de ce jeu d’échec composé de kippa), faisant un superbe travail d’expliquer et de mettre en contexte la tradition et sa réinvention artistique. J’avoue être resté fasciné devant ce mélange d’ouverture et de respect envers des valeurs fondamentales. Je vous le recommande chaudement.
Blue Bottle Coffee. Si vous êtes moindrement un geek de café, vous aurez beaucoup de plaisir à fréquenter ces endroits Menu peu élaboré, un café c’est un café (c’est l’antithèse de Starbucks!), mais des approches un peu maladives dans la réalisation, avec le bar à siphon, et leur San Marco Lever machine. Celui de Mint Plaza (proche de la Cinquième) est mon préféré, pour le Cappucino et le New Orleans style iced coffee. Celui au dernier étage du SFMoMA aussi, pour ses pâtisseries artistiques (WOW!) et sa vaiselle de Heath Ceramics.
Je triche un peu, parce le SFMoMA, j’y suis déjà allé. Mais je n’avais pas vu l’exposition célébrant leur 75e anniversaire, belle rétrospective de leur collection et de l’évolution de l’art contemporain (amusant de voir les lettres de bêtises reçues par la directrice lors de l’acquisition de certaines oeuvres et ses réponses). Aussi l’exposition spectaculaire (physiquement!) de la collection Fisher (du nom des fondateurs de Gap), de Calder à Warhol. Tout ça plus l’excellent restaurant, le café et la boutique (on ne s’en tanne jamais!), naturellement.
Manger chez Gott’s Roadside dans le Ferry building. Je triche, parce que c’est loin d’être la première fois, mais ça portait pas le même nom (drôle d’histoire d’ailleurs!). Simple et rapide, toujours bon.
Visiter le Yerba Buena Center for the arts pas parce que Steve Jobs va y être mercredi prochain, mais bien pour visiter l’exposition TechnoCRAFT, rassemblée (curated?) par Yves Behar. Qui est Yves Behar? C’est un designer connu pour les nombreuses créations de son studio fuseproject, dont l’OLPC. Le génie de cette exposition est de rassembler et de synthétiser quatre grands courants du Design in the Age of Individuality: Hackers, Modders, Fabbers & Tweakers. Du clavier de Art Lebedev (enfin je l’ai vu en vrai!), aux t-shirts de Threadless, aux hackers de meubles Ikéa, en passant par l’auto-conception de chaussures Puma ou de sacs Freitag.