Tous conviendront que lorsque l’on parle de « culture numérique », on parle souvent de l’expérience utilisateur. Le numérique est là pour simplifier la vie des gens, pas la complexifier.
Toujours dans la lignée de ma première idée, je crois que nous aurions un grand avantage à utiliser le numérique pour être plus transparent ensemble. Je reprend à ce titre une « idée à voler » de Marc-André Sabourin dans le numéro 10 de Nouveau Projet: « Dans une grande partie de la Scandinavie, les déclarations de revenus sont publiques. Une tradition qui s’avère un excellent désinfectant fiscal ».
Je nous trouve collectivement toujours un peu hypocrite de pas faciliter l’accès à certaines informations, tant dans le registre des entreprises, dans le registre foncier, que dans les données fiscales personnelles. À terme ceci assurerait une plus grande confiance entre les gens. J’aime bien les mécanismes pour contrer le voyeurisme ou les abus: « … la transparence fonctionne dans les deux sens: l’identité de chaque personne qui consulte un dossier est dévoilée à son propriétaire. » (Comme Linkedin Pro, genre!)
On cache beaucoup de choses à travers cette pseudo confidentialité, et donnons de la valeur à trop d’intermédiaires (données de crédit, transactions immobilières, etc.), alors que cette information est entre les mains de notre gouvernement et est souvent disponible par bribe un peu partout. La rendre publique et intelligemment liée augmenterait le niveau de confiance de tous, et le numérique permettrait assurément de mettre en place des mécanismes sociaux assurant un équilibre intéressant. Tout en limitant les élans big brother qui pourraient tenter nos gouvernements.
Je Le choc culturel qui accompagnerait la publication de données fiscales personnelles me semble un obstacle… du moins dans un premier temps.
Je propose que nous commencions par une démarche déterminée afin de rendre accessible, et aisément consultables — y compris par des machines — toute l’information disponible dans le registre des entreprises. Données ouvertes. Vraiment. Avec des API efficaces, etc. Pour toute l’information: y compris les administrateurs et les actionnaires: une transparence complète du registre des entreprises.
Partant de là, et des retombées de cette transparence — que nous constaterons aisément, et rapidement — nous pourrons ensuite avancer, de façon plus efficace avec d’autres réformes du même genre.
Je ne crois pas que la littératie numérique dans la population générale soit suffisamment grande pour que le principe de transparence de qui consulte vos données fiscales soit acceptée.
Ceci dit, les données ouvertes du registre des entreprises que Clément propose est certainement un premier pas dans la bonne direction. Les premiers utilisateurs de ça seront certainement les journalistes qui savent coder, mais les gains de cette première mesure seraient certainement appréciables et rapides.